Le minotaure dénommé Gattuso avait stoppé sa marche à quelques centaines de metres de la muraille. Celle ci n'était déjà plus qu'un ligne sombre à l'horizon, perdu dans la nuit, n'était plus qu'un souvenir. Le souvenir de peu, en tout cas pour le minotaure.
La tête de ce dernier partit sur la gauche, puis sur la droite. L'oeil cherchait le lieu , celui où le minotaure devait aller. la paupière cligna un peu, puis enfin le minoature vit un petit sentier, près de la route principale. En face de l'entrée de la porte de la ville pour les habitants de Mythak.
Le minotaure avança sur le sentier, et remarqua qu'il l'avait déjà emprunté, mais pour venir à Mythak . Et à présent il s'en éloigné. Pourquoi? Etait ce vraiement pour combattre, pour se changer les idées? Ou les idées voulaient se changer? Le minotaure s'arréta, doutant de ce qu'il voulait réellement faire. Si il voulait faire quelque chose. Il en décidait jamais d'habitude. Pouruqoi aujourd'hui le ferait il?
Les pensées se bousculaient dans son esprit, et un vieux mal de crane aussi. Conséquence logique pour Gattuso. Cette situation cornélienne et difficile aurait pu durer des heures, si une bete n'était pas apsser par la. En effet un sanglier d'au moins 500 livres, soit aussi gros que le minotaure abruti, venait de stopper sa marche en face de celui ci. Son poil dru et court recouvrait son gros corps d'un noir d'ébene, jusqu'à ces deux défenses blanches d'une quinzaine de centimetres chacune. L'animal regardait le semi homme de ces deux yeux, sans ciller la moindre seconde. Gattuso lui, serra un peu plus son gourdin. Il sentait le combat. Son corps un peu immature, contrastait avec sa figure marquée en ce moment précis, surtout que le minotaure se concentrait pour frapper au bon moment.
Le sanglier gratta le sol, envoyant de la poussière derrière lui. Les quelques grains volèrent, portés par le vent, et le sanglier chargea, défenses en avant pour attaquer. Le minotaure ne bougea pas. Il leva son bras droit, en reculant l'épaule gauche pour prendre plus d'élan dans sa frappe. La vieille douleur le prit, mais il tint bon, grimaçant juste.
"Grrrrrroaaaaaaaaaaa"Le grognement du minotaure suivit le coup. Le gourdin fendit l'air, et frappa le corps noir du sanglier dans le dos, déformant en parti celui ci. La bete était sérieusement blessé, des os étant probablement déformés dans son dos. Une tache rougeoyante apparut à l'endroit du coup, ainsi que sur une de ses défenses. Du sang humain. Du sang de minotaure. Gattuso avait un trou sur le flanc droit. Ce qui le mit encore plus en rogne. Le minotaure ne se retint plus. De la fumée sortit de ses deux naseaux, à la façon des grands taureaux blancs. Celle ci monta ensuite, passant devant les yeux qui prenait une teinte rouge de rage. Un rictus apparut enfin, dernière marque de l'énervement qui montait dans le minotaure. Celui ci ne laissa aucune chance à la bete. Pas une seconde. Il arqua sa jambe d' appui, et poussa prestement, s'envoyant droit vers sa cible. Le gourdin suivit un mouvement vertical du bras, et frappa dans la tête de la bete, explosant une des défenses, et écrasant le museau du sanglier, qui tomba sous le choc.
De la poussière s'éleva, laissant là la dépouille du sanglier. Gattuso grimaça une nouvelle fois, et regarda la bete. Un bien brave ennemi, qui combattait aussi pour le plaisir. Un ennemi, qui n'était finalement pas à la hauteur de sa tache. Pourtant, à présent, des gouttes de sang perlaient sur le corps noir de la bete, des gouttes de sang qui tombaient de plus haut. La défense qui avait perforé le minotaure avait causé des dégats, et le sang coulait le long des poils du minotaure. Et tombait au sol. Puis quelques secondes s'écoulèrent durant lesquelles seul le bruit des gouttes se fit entendre, puis un grand choc. Le minotaure avait recouvert son propre sang de son corps, à présent inerte.
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Un toussement. Gattuso se sentait étranglé. Sa gorge était pleine, mais il lui était impossible de respirer. Ses yeux s'entrebaillèrent, et les grains de sable lui rentrèrent dedans. Le minotaure poussa sur ses bras et se releva, crachant le sable qui envahissait ses poumons.
...Le désert. Du sable à perte de vue. Du sable partout. Le désert....
Le minotaure se posait des questions. Il était pourtant bien loin de ce lieu. Ce lieu familier pourtant. Ou était la bete? Ou etait la plaine? Ou était les murailles de Mythak, qui ressemblaient juste à un petit bout de brois gris du lieu où il se trouvait. Le problème était surtout la disparition du sanglier, car le minotaure avait faim , très faim. Il ne chercha pas plus loin, et sut de suite ce qu'il devait faire. Ecouter ce qu'on lui ordonnait. A savoir manger. Le minotaure savait où aller. Il savait où il était. Dans son désert natal. Et les formes au loin ne pouvait être que son village, celui qu'il avait quitté il y avait si peu de temps. Banni. Mais il n'en avait rien à faire, il avait faim, et personne là bas ne lui arrivait à la cheville. Alors au gourdin. Encore moins. Il prit la direction de son village, trainant les pieds comme un enfant le ferait en rentrant des cours de son maitre, pret à retrouver le foyer où les parents seraient de nouveau sur lui. Le sable se soulevait à peine, et rejoignait le sol, ne laissant pas trace de son passage.
Au bout d'une demi heure de marche, où la faim ne fut que son seul compagnon, le minotaure passa les portes en bois ouvertes de son village. Il ne ressemblait pas à l'enfant de son passé. Il ne ressemblait plus à ce petit minotaure, qui avait grandi ici. Il était déjà tout autre en partant, et à présent encore pire. Son poil était grisaillant et pourtant son facies était plus jeune. Ses muscles s'étaient développés mais son corps était plus petit. Son visage et son corps portaient les marques de bien plus de combat, des cicatrices sur son dos, une corne en moins, un oeil crevé marquaient bien que tout avait changé. Trop changé pour ce village.
Le village était comme le lieu où il était placé. Vide. Vide de monde, vide de sentiments. Il n'y avait rien. Il devrait pourtant y avoir cris pleurs et joies, comme par le passé, ou deux enfants se chamaillant pour un bout de bois, qu'il se servirait comme d'une épée, ou deux mères se chamaillant pour le dernier seau d'eau, pour savoir à qui reviendrait le droit d'assouvir la soif de sa famille. Et pourtant il n'y avait rien. Au fur et à mesure de son avancée dans le village, Gattuso se rendait compte qu'il ressemblait à l'opposé de ses souvenirs. Non pas à la vie et la douceur, mais à la mort.
"Tu peux revenir tu sais. Tu es mon fils , ta place est ici. Auprès de nous tous. De ta famille. Quoi que tu ais fait, tu seras pardonné à présent. Tu as fait ce que tu devais faire, mais à présent tu dois revenir parmi nous, chez toi. Dans ton foyer."Gattuso se retourna et aperçu une minotaure assez agée. Une minotaure assez jolie aussi, qui avait tout pour vivre en paix. La dernière fois qu'il avait vu sa mère des larmes déformaient son visage. Aujourd'hui , en cet endroit, elle était redevenue elle même.
"Ce n'est pas ici que je veux être. C'est faux. Je suis parti car je le voulais."Tu n'as jamais rien voulu. Tu ne fais qu'obéir. Je ne vais pas t'ordonner de rester. Tu es revenu, en parti, c'est la preuve que tu veux revenir.""Non, c'est faux. Je ne suis la que pour manger, assouvir ma faim. Je veux me battre, je veux partir, je veux savoir quoi faire!"Autour, comme dans un brouillard, apparaissaient peu à peu des formes, des bruits. La vie reprenait son court en sortant du brouillard. Les formes devenaient matérielles peu à peu. Le village se transformait en ce qu'il était.
"Viens manger, peut être comprendras tu."Le minotaure suivit sa mère dans sa maison, là où il avait grandi. Elle avait ordonné, il avait obéi, comme dans le passé. La maison était petite, et en parti vide. Beaucoup d'espace pour peu. Gattuso déposa le gourdin à sa place sur la cheminée et se mit à table, mangeant comme jamais depuis longtemps. La minotaure ne dit rien, sa contenta de regarder son fils manger. Quand il eut fini, elle débarrassa, et revint pour l'amener une nouvelle fois dehors. Le village était redevenu beau et vivant, comme dans ces souvenirs. Plus aucun flou, même pas artistique ne se retrouvait. Tout était rentré à la normale.
"Que comptes tu faire à présent? Je ne souhaite que te revoir parmi nous. Nous avons besoin de toi, tu es un guerrier, mais un guerrier à sa place ici.""Un guerrier à sa place à l'endroit où il combat."Un minotaure, plus vieux mais bien plus musclé vint. Il était dans la force de l'age, et même Gattuso fut inquiet face à lui. Il y avait quelque chose d'étrange avec le minotaure. IL lui ressemblait. C'était lui. Le minotaure salua de la main des jeunes, puis partit vers le nord, un gourdin en main.
"Ici, tu connaitras la vie. Tu deviendras un digne chef de village. Tu repousseras les assaults des betes et des dangers. Ici, surtout, tu connaitras enfin les sentiments. Jusqu'à l' amour. Tu deviendras ce que tu aurais du devenir, un être et pas un pion"Cette fois, Locky apparut, accompagné de lui. Encore une fois différent. Le sang se répandait dans le sable. Les combats avaient lieu dans tout le village et Gattuso, l'autre y participait cntre les siens. L'autre lui était plus grand, différent. Il avait récupéré son oeil, et même une corne d'argent. Il pratquait la magie et son gourdin était sublime.
"A Mythak, tu deviendras un très grand mercenaire. Riche reconnu. Bon vivant, et en pleine forme. Tu deviendras le numéro 1 de Locky. Tu seras à ces ordres, tu n'auras qu'à suivre. La facilité et la réussite."Gattuso ne bougeait pas, regardant les deux autres lui, avec envie et délectation. Il pourrait devenir pas la facilité un grand, avec combats à vue. Combats toujours. d'un autre coté, il serait là, et alors? Il n'avait jamais voulu etre là.
"Tu dois choisir. Tu dois te donner ton propre ordre. Seul. Pour la première fois. Mais seul.""Tu es là toi""Je ne te montre que la difficulté. Je te suis dans chacun de tes choix, qu'il soit bons ou pas. Qu'il soit contraire à ce que je veuille ou pas. Il est temps d'avancer, mon fils."La mere commença à disparaitre, et le vide revient. Le désert. Plus que du sable et le village disparu à son tour.
"Avance, mon fils. Pas à pas. Choisis, et ne retournes pas. Tu vas devoir choisir seul entre deux vies opposées. Choisis, et fuis l'autre vie à jamais, car c'est ce que tu dois faire."-------------------------------------------------------------------------------------
Le minotaure se réveilla. Etaler à moitié sur le corps du sanglier. Il repoussa celui ci et se releva. Le nuit avait été rude, la blessure refermée. Les doigts du minotaure tatèrent tout de même son flanc s'assurant qu'il n'y ait réellement pas de souci. Il changeait déjà. Il stoppa son geste s'en rendant compte, et fit ce que Gattuso aurait fait. Manger ce sanglier.
Après ce repas dont nous passerons les détails pour le sensibilité du lecteur, le minotaure se retrouva sur le sentier. A sa droite Mythak. Du coté de son arme, de son oeil valide. Le combat et la réussite. Mythak, citré des magiciens, cité du mercenaire Gattuso.
A sa gauche, son village natal. Du coté de ses blessures, de son oeil mort, de son coeur. L'amour et l'emprisonnement.
La facilité était Mythak . Tout était mieux là bas, enfin pour Gattuso. Qu'avait il à faire de ce que lui promettait un retour aux sources? Voulait il une autre vie? Non, il voulait écouter et combattre , rien de plus. C'est ce qu'il avait toujours fait, betement, et avec une barbarie digne des plus grands.
Il n'y avait pourtant jamais eu la moindre once de logique dans Gattuso. Il se remit à marcher sur le sentier, dans la direction opposée à celle de Mythak. Vers ailleurs. Vers la vie qu'il avait choisie.
"Avance, avance pas à pas. Ne te retourne pas. Fuis mais fuis car tu dois le faire"Une vie tout autre. Une vie de joie, de sentiments, de difficultés, de soucis, une vie. Il sacrifiait une autre vie, une vie de facilité. Il sacrifiait aussi cette vie pour els autres, pour ceux de son village qui avaient besoin de lui. Il sacrifiait sa simplicité dans l'espoir que d'autres aient plus de simplicité.
Gattuso venait de faire son premier choix. Qui le ménerait loin, mais si pres, chez lui.
Sujet: Plaines 
